Crown Wars : Black Prince – Test d’accessibilité

Getting your Trinity Audio player ready...
Lecture intro

Crown Wars: Black Prince est un jeu de stratégie au tour par tour. Après avoir traité les genres « Action » avec l’article sur Hellblade 2 et « Jeu de rôle » avec celui sur Dragon’s Dogma 2, on a trouvé intéressant de pouvoir aborder un autre style avec la stratégie.

TypeStratégie tour par tour
EditeurNacon
DéveloppeurArtefacts Studio
Date de sortie23 mai 2024
Classification 16 ans et plus

Crown Wars: Black Prince a été développé par Artefacts Studio, un studio lyonnais qui connaît bien le style puisqu’on leur doit des jeux comme Space Hulk Tactics ou Le Donjon de Naheulbeuk.

Nous sommes plongés dans la Guerre de cent ans, en 1356, juste après la défaite française de Jean II face à l’héritier de la couronne anglaise, le Prince Noir. Le pays sombre alors dans le chaos, à la merci des brigands. C’est dans ce contexte que vous allez jouer le descendant d’une famille déchue qui doit tout reprendre. Surtout qu’à l’instar d’un Assassin’s Creed, une force maléfique, l’Ordre, se répand et corrompt vos ennemis.

Crown Wars vous propose de gérer votre domaine et de lancer vos compagnons dans des missions pour reprendre la main sur les événements. Vous alternerez donc entre ces deux phases de jeu.

Dans votre domaine, vous allez recruter des compagnons et les développer. On retrouve donc un aspect RPG dans le sens où vous allez personnaliser chacun de vos compagnons et les améliorer. En effet, chacun d’entre eux a une classe de base et peut se développer en choisissant des compétences de classes et des compétences d’arme. Autrement dit, une multitude de possibilités. Vous allez également développer vos bâtiments : la chapelle soigne les blessés, la prison garde vos ennemis, la forge améliore votre équipement et le laboratoire vous fournit en soins et bombes.

Et forcément, ces choix ont un impact sur la deuxième phase de jeu : les batailles. En effet, un archer spécialiste dans l’art de percer les armures ou un chevalier spécialisé à masse seront plus efficaces contre les Bretons lourdement armés. À l’inverse, un bretteur ou une bête, qui sont rapides, fonceront vers les redoutables archers anglais qui mettraient en difficulté nos lourds et lents chevaliers.

La bataille se déroule sur une carte en vue isométrique en 3D de taille limitée. Votre escouade de quatre combattants se déploie discrètement et un travelling vous montre votre objectif. Vous pouvez contrôler et promener votre caméra partout, mais un brouillard de guerre vous cache les zones hors du champ de vision de vos compagnons.

Le jeu se déroule en tour par tour. C’est-à-dire que vous jouez tous vos compagnons, puis c’est à l’ordinateur de bouger tous les ennemis alertés. Et chacun de vos compagnons à trois actions : une qui ne sert qu’aux déplacements, et deux qui servent à faire une action ou un déplacement supplémentaire, le sprint. Vous pouvez alterner l’ordre dans lequel vous réalisez vos actions comme vous le voulez et faire une action avec le premier compagnon, deux avec le suivant, revenir au premier maintenant que la voie est libérée… Et ainsi de suite, jusqu’à ce que vous ayez bougé tous ceux que vous vouliez.

Vos actions sont des attaques ou postures en fonction des capacités de vos compagnons. Un compagnon tombé au combat pourra être sauvé en passant plusieurs jours dans votre chapelle. La place est limitée, alors attention !

Le champ de bataille est composé de cases, tel un échiquier. Le combat va donc consister à analyser la situation à chaque tour : où sont les ennemis, quelles sont leurs capacités et défenses, comment est le terrain… et choisir la meilleure stratégie. Il y a des balistes et des scorpions à utiliser, des râteliers de flèches à récupérer, des obstacles à contourner. Les tours s’enchaînent jusqu’à la victoire d’un des deux camps.

C’est donc un style particulier qui demande des compétences particulières et notamment d’observer, analyser et prendre le temps d’établir une stratégie. On sent donc que, en raison de sa mécanique, c’est un style de jeu qui posera problème sur le plan cognitif, puisqu’il va être très sollicité. Mais qu’en est-il des autres profils ? On a pu faire une analyse en live et je vous propose de détailler tout cela dans cet article.

Lecture intro

Et si j’ai un handicap moteur ?

7 / 10

 

Commençons par regarder quelle souplesse nous offre Crown Wars en termes de manipulation des contrôleurs. Et ça commence mal. En effet, il n’est possible de réorganiser les touches que sur la version PC. Ce n’est pas possible sur console.

Heureusement, le jeu n’utilise que six touches et les deux joysticks en phase de jeu. C’est un bon point puisque lorsqu’il y a peu de touches, cela rend le jeu plus accessible avec du matériel adapté comme les contacteurs. Cela vous évite d’avoir dix boutons devant vous.

Mais notez que sans ce matériel, certaines actions utilisent des touches connues pour poser problème. En effet, le « point de contrôle » est placé sur l’appui sur le stick gauche par exemple. Il permet de décomposer un mouvement pour ne pas aller en ligne droite et éviter une zone enflammée par exemple. C’est donc une action importante placée sur une touche qui gêne souvent. La navigation entre les ennemis et les compagnons utilisent les touches arrière, boutons et gâchettes, aussi difficiles d’accès si on manque de motricité.

Donc sachez-le, si vous avez l’habitude d’adapter les contrôles du jeu à votre mobilité avec le remapping des touches, il faudra jouer sur PC, pas sur console.

Pour la gestion des joysticks, on est également assez limité. Seule la sensibilité du joystick droit, celui de la caméra, est réglable avec 20 degrés de variation. C’est important pour le placement, mais celui de gauche sera tout aussi important. En effet, le joystick gauche déplace le curseur qui sert à sélectionner les missions sur la carte. Et c’est lui qui sélectionne la case de destination lors des phases de bataille. Or, sur ce joystick gauche, il n’y a aucun réglage et on ne pas les inverser entre eux. Dans les interfaces, vous pourrez utiliser les boutons directionnels à la place du joystick pour vous déplacer.

Au-delà de ces limites de manipulation, le jeu est peu exigeant sur le plan moteur par son gameplay. C’est un jeu tour par tour ne demandant pas de réflexes. De plus, même si vous avez un nombre de tours limité, vous n’avez pas de limites de temps pour les réaliser. Donc sur le plan physique, tout sera une question de patience pour sélectionner la case en jonglant avec les joysticks. Si vous jouez d’une main par exemple, vous avez le temps de passer d’un stick à l’autre.

Et comme il y a peu d’actions, Crown Wars n’utilise que des appuis simples sans avoir besoin d’utiliser des combinaisons ou des enchaînements de touches pour multiplier les actions différentes. Il n’y a pas non plus de matraquage de touches qui peut être épuisant. Donc même en ce qui concerne la fatigabilité musculaire, on peut faire une pause à tout moment.

En conclusion, si l’utilisation des gâchettes ou des sticks n’est pas un problème pour vous, la version console sera accessible. Dans les autres cas, préférez Crown Wars sur PC, il offre plus de souplesse dans l’organisation des touches.

Lecture intro

Et si j’ai une déficience visuelle ?

4 / 10

Sur le plan visuel, Crown Wars va vous poser un tout autre problème. C’est un jeu de tactique avec de nombreux effets, signalés par des icônes. La vue est de dessus pour avoir une vision stratégique du champ de bataille. On a donc beaucoup d’informations à gérer pour prendre les bonnes décisions.

Or, ces informations sont sous forme d’icônes et on a beaucoup d’éléments d’interface un peu petits et peu visibles, comme les diamants sur les personnages visibles sur leur portrait sur la gauche de l’écran. Et Crown Wars utilise des couleurs pouvant poser problème dans l’interface en jeu. Les barres de vie au-dessus des personnages sont rouges pour les ennemis et vertes pour les alliés.

Ce sont donc pas mal d’alertes pour nous, car de petits éléments impliquent des difficultés à les percevoir. Et les couleurs rouge et verte sont toujours problématiques puisqu’elles concernent directement les joueurs daltoniens.

On a donc très vite mis le nez dans les options pour voir si on pouvait améliorer tout cela. Or, il n’y a pas d’options graphiques, à part celle de qualité d’image et uniquement sur PC. Il n’est donc pas possible d’appliquer un filtre ou de changer les couleurs d’interface.

Heureusement, de bas, le jeu permet de zoomer avec la caméra : la vue de haut permet la stratégie, mais il y a une vue proche de l’action pour bien sélectionner la case et l’orientation d’un déplacement ou d’une action. Dans le menu « Jeu », l’option « Voir les barres de vie flottantes » permet de transformer la barre de vie colorée en affichage de valeurs chiffrées, la vie actuelle sur la vie maximale. On peut donc l’activer pour éviter de dépendre des couleurs sur cette information essentielle.

On ne peut malheureusement pas trop compter sur le contraste naturel des interfaces de jeu. Lorsque vous vous déplacez, un trait blanc délimite la portée de votre mouvement, il devient jaune si vous utilisez une action supplémentaire pour sprinter. Et comme on ne peut pas modifier le contraste, cela peut poser problème sur certains terrains. Un train jaune, même vif, sur une case couleur terre, ressort peu. Pire, pour les armes qui ont une zone d’effet, comme les balistes, on doit sélectionner une zone d’action en rouge vif sur une zone d’effet totale qui est rouge plus clair.

De plus, les renforts sonores sont absents sur des aspects essentiels du jeu. Il y a des effets sonores sur les actions, quand on tire ou frappe par exemple. Mais il n’y en a pas quand vous dépassez la distance de déplacement de base, quand vous atteignez une cible ou la distance maximale. Ce sont pourtant des informations essentielles.

On aurait pu croire qu’avec un jeu au tour par tour et une carte de jeu en « échiquier », avec des cases, on pourrait cartographier facilement le déplacement. Je sais que mon personnage peut avancer de 10 cases, donc 10 appuis sur la croix directionnelle. Mais sans son en approchant d’une cible, ou même d’un objet interactif, on ne sait pas où on va.

Côté texte, il n’est pas possible d’en régler la taille, ni dans les menus, ni dans l’interface, ni pour les sous-titres. Surtout que pour ces derniers, lors des cinématiques, la police est très petite et dans une police stylisée moins lisible.

Cependant, en dehors des cinématiques, les discussions entre PNJ sont avec un encadré sombre et une écriture en blanc. On maîtrise également la vitesse de l’échange puisqu’on passe d’une phrase à l’autre en appuyant sur la touche X. Vous avez donc tout le temps de lire.

Pour conclure, tous ces défauts sur le choix de couleurs, le contraste des éléments et l’absence de renfort auditif font que Crown Wars ne sera pas jouable avec une vue très basse ou pour un joueur non voyant. Et il sera difficile d’accès pour un joueur à la vue limitée.

 

Lecture intro

Et si j’ai une déficience auditive ?

8 / 10

 

Nous terminions le chapitre sur l’accessibilité visuelle en parlant des sous-titres de discussions entre PNJ. Et c’est un point essentiel si vous avez un trouble auditif. Donc sur cet aspect, on a aucun contrôle dans les options, mais les sous-titres sont de bonne qualité. Le fait d’avoir un texte blanc sur fond noir, avec l’identification du locuteur par son portrait et la maîtrise du rythme de lecture sont en effet de très bons points. Il ne manque que les informations environnementales.

Pourtant, lors des cinématiques, tout l’encadrement disparaît. On a une écriture stylisée en italique. Le locuteur n’est plus identifié. Donc quand plusieurs personnes parlent comme dans la cinématique du tutoriel, les textes se suivent sans distinction. Cela rend l’histoire difficile à suivre, notamment pour les joueurs dyslexiques qui auront du mal avec cette police.

Au-delà de cet aspect, le menu « Audio » permet le réglage des différentes sources sonores. On peut donc couper ou réduire les éléments moins importants pour vous, comme la musique ou les voix dans ce Crown Wars où les échanges sont plus un élément d’ambiance qu’un élément de jeu. Par contre, on va renforcer les sons d’ambiance et d’interface plus utiles à ce type de jeu.

Là où la prédominance des informations visuelles était un problème pour le joueur malvoyant, c’est au contraire efficace pour compenser le manque de sons. Il n’y a pas de mécaniques de jeu basées sur le son et Crown Wars devrait donc ne poser que peu de problèmes aux joueurs avec un déficit auditif.

Lecture intro

Et si j’ai une déficience cognitive ?

4 / 10

Par définition, Crown Wars est un jeu de stratégie pure. Cela demande donc à chaque tour de jeu d’étudier la situation et de choisir une stratégie globale : « j’ai une quinzaine d’actions en tout, 3 par personnage sous mes ordres, qu’est-ce que je prévois de faire ce tour-ci ? »

Il faut donc bien comprendre le fonctionnement de toutes les actions et compétences à votre disposition pour les enchaîner le plus efficacement possible : « si je tape d’abord avec l’ours, j’aurai un bonus de 20 % à l’attaque de mon dresseur ». Et rien dans Crown Wars ne vous accompagne en vous aidant à savoir quoi faire ensuite. Vous êtes livré à vous-même.

Surtout que les explications ne vous sont données que brièvement lors du premier combat qui sert d’apprentissage. Ces informations explicatives vous sont données dans un petit encart, à l’écrit, et il ne s’affiche que quelques secondes.

Et pendant votre partie, il n’y a aucun menu regroupant ces explications pour vous les rappeler. De la même manière, les effets des compétences vous sont donnés par écrit dans une bulle quand vous la sélectionnez. Et ce sont souvent des informations partielles.

Par exemple, une compétence vous dit : « l’attaque applique un saignement », d’accord… Mais on ne me dit pas ce qu’est un saignement, que cela veut dire que l’ennemi va perdre de la vie au début de chaque tour, ni combien de points de vie. Ce n’est qu’une fois la compétence utilisée qu’on voit une petite goutte de sang au-dessus de la barre de vie de l’adversaire touché et un chiffre. « Goutte 5 ? D’accord, il va perdre 5 points au début de son tour, donc comme il n’en a plus que 4 il va mourir, je n’ai pas besoin de gâcher une action pour le frapper une fois de plus ».

Et encore, souvent l’effet à une chance de s’appliquer, ça n’est pas systématique. Un joueur non-lecteur va passer à côté de tout ça !

Vous devez donc être bon en planification et faire vos actions une à la fois. Si vous avez des problèmes de concentration, l’aspect tour par tour sera un gros avantage. En effet, vous avez le temps d’agir et vous pouvez facilement enregistrer la partie pour faire une pause. Côté réglages, la gestion du son permet de limiter les sollicitations. Le jeu n’est pas trop saturé visuellement, et heureusement, car on ne peut pas changer l’interface. Seules les barres de vies peuvent être enlevées si on préfère l’information chiffrée.

À l’inverse, si vous êtes plutôt hyperactif comme Steven et Joël dans l’équipe et que vous avez besoin d’action, d’un jeu rapide et instinctif. Crown Wars n’est pas pour vous ! C’est un jeu où il faut décomposer les actions, observer, planifier. Ce sera donc plus difficile à gérer pour vous, car cela demande de gros efforts de concentration. L’équipe a trop l’habitude des jeux d’aventure-action sûrement !

Point à noter, le jeu propose des animations lors de la mort d’un ennemi. Et elles peuvent être sanglantes. Il est possible de désactiver ces animations et les traces de sang si vous êtes sensible à ce genre de chose. Le niveau de difficulté a été patché la veille de notre test. Preuve qu’un jeu vit et peut s’améliorer après sa sortie. On est passé de trois niveaux de jeu classiques, avec des difficultés progressives dans le combat et les conditions de jeu, à un niveau totalement personnalisé. Chaque élément de difficulté est réglable, comme la durée de la partie, la vie de l’ennemi et bien d’autres.

 

Lecture intro

    Notre avis

Comme nous le disait Bibi lors du live, « c’est un jeu expert, les joueurs débutants commencent avec un petit malus ». Et en effet, Crown Wars est un jeu de stratégie, donc on s’attend à de la complexité. Mais il en ajoute en considérant que le joueur maîtrise déjà la plupart des codes du genre.

Le test de Crown Wars nous a montré les particularités d’un style de jeu qu’on teste moins souvent, la stratégie. Et si on en avait l’intuition, on a la confirmation que c’est un style difficile d’accès pour les joueurs avec des troubles de l’attention ou de la compréhension par sa complexité et aux joueurs à la vue réduite en raison de la charge d’informations visuelles. A contrario, c’est un style moins exigeant et donc plus accessible sur le plan moteur.

N’hésitez pas à regarder la vidéo YouTube du test. Donnez-nous votre expérience, cela ne peut qu’aider tout le monde !

Review Scores

5.75
  • moteur - 7
  • visuel - 4
  • auditif - 8
  • cognitif - 4

Votre avis nous intéresse ! Quelles difficultés avez-vous rencontré avec ce jeu, ou d'autres ?