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Forspoken est un des premiers jeux open world de nouvelle génération. Nouvelles consoles, nouvelles possibilités techniques… on est donc curieux de voir ce que ça peut apporter ou compliquer sur le plan de l’accessibilité.
Type | Action / Aventure |
Editeur | Square Enix |
Développeur | Luminous Productions |
Date de sortie | 24 janvier 2023 |
Classification | 18 ans et plus |
Forspoken est donc une nouvelle licence chez Square Enix. D’ailleurs, Luminous Productions est né pour Final Fantasy 15 et on retrouve une partie de l’équipe de ce jeu. Leur moteur ayant été amélioré pour la PS5, on s’attend donc à un monde vaste.
Dans Forspoken, vous allez incarner Alfre Holland, surnommée Frey. Cette jeune fille a enchaîné les familles d’accueil après la disparition de ses parents dans des circonstances étranges, près du tunnel « Holland » de New York, alors qu’elle n’était qu’un bébé. Frey a donc aujourd’hui 18 ans et rien ne va. Elle vit de larcins, elle est aux prises avec des gangs à qui elle doit beaucoup… et alors qu’elle les fuit, ils détruisent tous ces espoirs et l’argent qu’elle a accumulé.
C’est alors que tout semble désespéré qu’un événement se produit. Elle est attirée vers un étrange bracelet qui la projette, dès qu’elle le met à son bras, dans un autre monde. On comprend alors très vite que ce monde est médiéval fantastique, peuplé de dragons et autres créatures. Il est corrompu par une brume qui transforme humain et animaux.
C’est donc dans ce contexte que Frey va devoir essayer de comprendre où elle est, comment rentrer chez elle… Et qu’est-ce que c’est que ce bracelet qui lui parle dans la tête et lui donne des pouvoirs étranges !
On se retrouve donc plein d’espoir devant un univers neuf ! Et dans cette période de suites et de remakes, ça fait du bien. Par contre, il ne faut pas bien longtemps avant de comprendre qu’au niveau du gameplay, on a les pieds bien au chaud dans nos pantoufles. En effet, on retrouve tous les classiques du jeu d’aventure en open world. Et donc des contraintes qu’on connaît bien.
Vous allez donc avoir une grande place pour le combat et pour l’exploration. En activités secondaires, on va retrouver la collecte d’objets et de ressources et des coffres à énigmes.
Frey améliorera ses capacités et son équipement. Vous aurez accès à une cinquantaine de sorts répartis en types de magie. Cela permet de varier les types de combat — distant ou corps à corps — et il vous faudra choisir la magie à laquelle chaque ennemi est sensible. Étonnamment, l’expérience gagnée en combat ne fera qu’augmenter passivement votre niveau et vos statistiques. Ce que vous contrôlez, c’est l’attribution des points de magie gagnés dans vos arbres de compétences, un par magie.
Côté matériel, vous allez ramasser des tonnes de ressources à combiner. Soit directement dans vos objets, soit pour faire des ressources plus puissantes utilisées pour de meilleurs effets. Tout cela vous permet d’améliorer les caractéristiques et les effets de votre cape et votre collier, les deux principaux éléments de votre équipement.
Il y a de nombreux lieux dispersés dans le monde à visiter : refuges, boss de zone, labyrinthes, forteresse de combat… autant d’épreuves pour amasser des statistiques et du matériel. Chaque zone de jeu a ses lieux qui se répètent de l’une à l’autre. Certains lieux ne seront accessibles qu’en jouant les acrobates ou grâce à des compétences débloquées en cours de jeu, vous invitant à revenir dans les anciennes zones pour accéder aux quelques parties inaccessibles. Un modèle d’open world assez classique en somme.
Des jeux aux multiples activités sont autant d’écueils pour le joueur qui doit les maîtriser. Et donc autant d’écueils pour les joueurs en situation de handicap. Voyons comment on s’en sort avec Forspoken.
Et si j’ai un handicap moteur ? |
7 / 10 |
Forspoken va demander de bien maîtriser votre personnage. Les combats sont dynamiques, la position a son importance et l’utilisation des compétences et des sorts de magie vont vite être importants.
Il va donc falloir une pleine maîtrise de votre manette et on est très vite allé vérifier si on vous laissait cette possibilité. Les options de jeu vous offrent des options indispensables pour adapter la manette à vos capacités. Vous allez pouvoir réattribuer les touches à volonté pour un maximum de confort de jeu. Attention, cependant, quatre des actions sont fixes.
Le “lancer de magie” est effectivement fixe et ne peut être changé directement. Par défaut, il faut utiliser les deux gâchettes simultanément. Mais, si vous changez les composants de cette action, alors la combinaison se met à jour. Donc si on attribue “Croix” à l’attaque (au lieu de R2) et “Rond” au soutien (au lieu de L2), il faut appuyer simultanément sur “rond + croix” pour le “lancer de magie”.
Parmi les touches les plus difficiles à utiliser, on a souvent les L3 et R3 puisqu’il s’agit d’appuyer sur les sticks qui ne sont pas fixes. L3 sert à courir et R3 bloque la caméra sur l’ennemi. Une option permet de mettre la course sur le “rond”. De ce fait, la même touche sert à déclencher les deux actions de déplacement : la course ET le parkour.
C’est une bonne chose puisqu’on choisit ses touches, mais l’appui simultané obligatoire peut déjà être un problème en soi.
Il y a d’autres options intéressantes pour l’aspect moteur. On notera notamment la possibilité de contrôler les vibrations pour éviter de fatiguer les muscles de la main. La sensibilité des joysticks est réglable. Mais malheureusement, c’est un seul réglage pour les deux sticks donc on ne peut pas personnaliser chacun d’eux. C’est assez rare de voir ce couplage pour le noter.
Dans le menu de “Jouabilité”, vous pouvez également régler la vitesse de rotation de la caméra. Aussi essentiel, vous pouvez adapter l’expérience de jeu. Il y a trois niveaux de difficulté, une aide à la visée, une gestion simplifiée de l’endurance et des dégâts…
Il y a donc peu de niveaux de difficulté, mais ces options vont vraiment permettre de régler finement la difficulté en fonction de votre niveau. Faute de “pause active”, le ralentissement du temps pendant le choix des sorts est une façon de souffler un peu en plein combat.
En conclusion, Forspoken est par définition un jeu qui demande de l’adresse pour explorer et combattre en temps réel. Pour le combat, il y a beaucoup de choses pour vous aider. Les aides à la visée, l’automatisation de certaines actions (soin et esquive) et le ralentissement du temps en menu permettent de gérer les combats. Mais vous n’échapperez pas au matraquage des touches pour nettoyer les hordes d’ennemis et il reste quelques obligations d’appuis sur plusieurs touches simultanées.
L’exploration sera certainement la partie la plus compliquée. Comme c’est un univers en 3 dimensions, il faut sans cesse escalader et attendre des compétences spéciales pour atteindre certains points. Le “Parkour” aide à sauter partout, mais il n’est pas toujours le plus facile à contrôler.
Donc avec une motricité limitée, Forspoken restera complexe sans passer par des solutions externes.
Et si j’ai une déficience auditive ? |
8 / 10 |
En tant que joueur malentendant, comme Mattboss dans l’équipe, on va porter une attention particulière aux informations données. On peut régler indépendamment chaque source sonore. Et la première source dans un jeu d’aventure comme Forspoken, ce sont les sous-titres pour bien suivre les nombreuses discussions.
Dans Forspoken vous allez pouvoir régler les sources sonores, y compris le son venant de la manette PS5. En effet, Krav vous parle souvent au travers de la manette. Vous pourrez également régler la taille des sous-titres et l’opacité du fond pour bien les faire ressortir. Cependant, la police et la couleur ne sont pas modifiables. Les sous-titres eux-mêmes reprennent le texte en affichant le nom du locuteur, mais sans précision sur l’environnement (sons, humeur…)
Savoir où sont les ennemis est une information essentielle dans un jeu comme Forspoken où le combat a une grande place.
Et il y a deux situations à prendre en compte. Quand vous n’êtes pas en combat, les ennemis vaquent à leurs occupations dans le monde sans être identifiés particulièrement. Si vous n’êtes pas attentif, vous pouvez donc les activer.
Il y a bien un indice que vous approchez d’ennemis et risquez d’être vu, mais il est uniquement sonore. Ce n’est qu’une fois dans la zone d’alerte qu’un halo rouge entoure l’ennemi pour montrer qu’il vous a vu et vous cible.
La solution ? Utilisez très régulièrement la “détection de Krav” (touche haut du BMD). Elle ne dure que quelques secondes, mais affiche tous les objets utiles et ennemis autour de vous, même hors de vue derrière un mur. Les ennemis sont représentés par des triangles pointés vers le bas. Si le triangle est jaune avec un œil fermé, vous n’êtes pas repéré. S’il est ouvert, vous êtes à portée d’alerte. Enfin, si l’icône est rouge avec un point d’exclamation, l’ennemi est sur le point d’attaquer.
Avec cet outil, vous risquez moins d’être surpris. Et en observant les ennemis révélés, vous aurez même des indices sur la magie la plus efficace contre eux.
Une fois en combat, il y a beaucoup d’informations visuelles : les ennemis, leur état d’alerte, leur barre de vie… même peut être un peu trop quand le groupe est important. Mais il en manque une qui est essentielle : leur position hors champ.
Il y a bien un gros marqueur d’alerte quand un ennemi hors champ vous tire dessus. C’est un demi-cercle jaune autour de Frey avec une flèche dans la direction du tir. Mais si vous tournez le dos à un ennemi corps à corps, pas d’information.
Même en combat, vous pouvez utiliser la détection de Krav. Les ennemis passent alors en jaune pour mieux les repérer, dans les hautes herbes par exemple. Ciblez un ennemi (R3 par défaut) et naviguez entre ceux à portée avec le stick droit : Frey va se tourner vers eux, y compris ceux hors de vue. Cela vous permet de repérer rapidement la position de chacun.
Dans l’ensemble, hormis ce souci des ennemis hors champ, Forspoken devrait proposer tous les outils nécessaires au joueur ou à la joueuse ayant une déficience auditive.
Et si j’ai une déficience visuelle ? |
7 / 10 |
Forspoken a de très nombreuses informations visuelles. Et, on en parlait plus haut, ça peut être rapidement assez chargé d’ailleurs. Leur qualité – et les méthodes pour les obtenir autrement – est donc essentielle pour le joueur ou la joueuse déficiente visuelle.
On peut déjà remarquer que les couleurs d’interface dominantes sont le jaune et le violet. Un choix intéressant puisqu’une grande partie des personnes atteintes de daltonisme vont pouvoir l’utiliser sans de grosses modifications. Cependant, il existe dans les options la possibilité d’ajouter un filtre de couleur sur les trois types de daltonisme et en nuances de gris pour les joueurs atteints d’achromatopsie. On peut régler la force de filtre finement en voyant son effet sur les icônes du menu et une palette de couleur.
Pour ce qui est des éléments de jeu, l’utilisation de la “détection de Krav” met pour quelques secondes en surbrillance jaune tous les éléments interactifs de l’environnement : objets et ennemis. Mieux, une option d’accessibilité met les personnages proches en surbrillance jaune pour bien les identifier. En complément, un son vous informe que vous êtes dans le champ de vision d’un ennemi avant qu’il soit alerté. L’information de la présence d’un ennemi est donc renforcée visuellement et par son, cela devrait aider à sa gestion.
Il est possible dans les options d’augmenter la taille des éléments d’interface pour les rendre un peu plus visibles comme on peut le voir ci-dessus.
Cependant, il reste des éléments un peu moins perceptibles, comme les objets à ramasser par un petit rond. La solution est alors d’activer la “récolte automatique des objets” dans le menu des “paramètres d’accessibilité”. Cela vous évitera de passer à côté de ressources, surtout en combat.
Attention, cependant, en ce qui concerne le design sonore, le son de course ne change pas en fonction de la surface traversée et il n’y a pas de bruit de collision. Le personnage continue même à courir avec le même son quand il est face à un mur. Malgré ses efforts sur les options visuelles, Forspoken sera donc injouable pour un joueur ou une joueuse non voyante.
Et si j’ai une déficience cognitive ? |
7 / 10 |
Sur le plan cognitif, on sait que Forspoken va être un challenge, comme beaucoup de jeu de son type. Et ce n’est pas ce qui manque ! Un monde ouvert rempli d’objets à collecter, d’ennemis qui errent partout et de tâches et missions à remplir… ça fait beaucoup de choses et il ne faut pas s’y perdre.
Premier constat, le jeu est en français. L’air de rien, pour notre groupe composé en grande partie de personnes ne lisant pas ou pas assez vite pour se fier au sous-titre, ce n’est pas rien. Malheureusement, l’écrit reste tout de même très présent dans les explications.
Ceci étant dit, les descriptions de compétences et d’objets sont accompagnées de vidéos de mise en situation ou d’images assez grandes et compréhensibles. Cela aide à se repérer même si certains éléments sont plus difficiles à différencier.
Au niveau de la concentration, on l’a illustré plus haut, il y a tellement d’éléments à prendre en compte qu’il est difficile de les retirer de l’écran. Le menu des options ne vous permet pas de modifier ce qui s’affiche. Seuls les sons peuvent être modulés en coupant la musique ou en réduisant les interventions de Krav si elles vous perturbent.
Pour les informations visuelles, la plupart n’apparaissent cependant qu’au moment où vous en avez besoin. C’est le cas du combat qui reste très chargé visuellement. D’autres, comme les outils de repérage décrit ci-dessous, ne restent que quelques secondes à l’écran.
Plus un univers est grand, plus il est important de pouvoir s’y repérer facilement. Et de ce côté, Forspoken offre de bonnes choses, mais il peut également poser problème sur certains points.
Commençons par les bonnes choses : le guidage. Dans Forspoken, comme dans beaucoup de jeu, vous allez voir la position et la distance de l’objectif de quête représentée par une icône en losange jaune. Mais cette direction est en ligne droite. Si un joueur ne sait pas se représenter l’environnement en 3D, il va souvent être bloqué en voulant aller droit vers l’objectif.
Heureusement, vous aurez également et à tout moment accès au guidage de Krav en maintenant la touche “Haut” du bouton multidirectionnel. Une traînée d’étincelle vous montre le trajet réel à effectuer, en évitant les obstacles. Et ça, c’est toujours extrêmement utile pour résoudre le problème de la 3D.
Autre outil intéressant : la détection de Krav. D’un simple appui sur la touche “Haut” du bouton multidirectionnel, vous affichez tous les éléments intéressants autour de vous. Mais comme pour l’icône de quête, c’est en ligne droite et donc ne tenant pas compte des obstacles. On se dit que la carte va aider, mais elle est en 3D. Ça passe lorsque vous êtes en plaine, mais en ville c’est une autre histoire ! Il faut manipuler la carte avec le joystick pour la tourner dans le bon angle et c’est difficile pour plusieurs de de nos testeurs.
En ville, des icônes permettent de repérer les interactions et les personnages de quêtes sont identifiés par un point d’exclamation.
Dommage aussi que le guidage de Krav ne soit que sur les quêtes, parce qu’il est parfois difficile de savoir comment atteindre un point précis. Donc malgré de bonnes choses, le bilan est mitigé sur le repérage dans l’univers de jeu.
Concernant les options, vous allez pouvoir bénéficier de toutes celles décrites plus haut pour adapter le niveau de difficulté du jeu à vos capacités. Le combat bien sûr avec des dégâts réduits, des esquives et des ciblages automatiques… mais aussi des renforts visuels pour vous repérer. Pleins de choses qui sont donc aussi utiles pour un joueur qui a besoin d’accompagnement sur ce qu’il faut faire.
Une des activités difficiles pour les joueurs en situation de trouble cognitif, ce sont souvent les énigmes qui demandent de la réflexion. Ici, ce sont des puzzles à bouger pour ouvrir des coffres. On le connaît sous le nom de “Taquin”. Vous trouverez dans les options la possibilité de crocheter ces serrures automatiquement.
Forspoken va donc apporter de bonnes choses pour le repérage, le réglage de difficulté et les énigmes. Il restera certainement des moments où il vous faudra de l’aide : pour lire ou pour les passages demandant plus de réactivité. Mais pour un jeu d’aventure ouvert, il reste dans l’ensemble plutôt jouable.
Notre avis |
La beauté des graphismes a rapidement attiré l’œil de nos testeurs, même si les grands espaces ont pu paraître parfois un peu vides. Le copier-coller des éléments est dommage, comme les refuges. Mais le jeu reste agréable à jouer et offre un univers original. Et rien que ça, c’est un bon point. La vulgarité de Frey en a fait tiquer quelques-uns, mais ça reste ponctuel.
Mais ce qui nous intéresse le plus c’est l’accessibilité de Forspoken et force est de constater que de ce côté, on a un bel effort de Luminous Productions et Square Enix. Cela devrait le rendre accessible au plus grand nombre, même avec des capacités limitées. Notez que pour certains, comme les joueurs non-voyants, cela reste impossible à jouer. Et Forspoken reste de toute façon un jeu d’aventure ouvert donc par définition, même avec des aides, il reste complexe. Nous ne l’avons pas fini, mais la courbe de progression est constante en multipliant les choix : de compétence, de magie, de matériel… Si vous avez du mal à gérer cet aspect, Forspoken ne vous conviendra pas.