Split Fiction est la nouvelle production de Hazelight Studios à qui on doit des jeux misant avant tout sur leur histoire et leurs personnages. Tout comme A Way Out et It Takes Two, Split Fiction se joue obligatoirement en coop pour un jeu bourré d’action et de dialogues qui se veulent piquants, le tout dans des décors tour à tour de science fiction et de fantasy.

Type | Aventure Action |
Editeur | Electronic Arts |
Développeur | Hazelight |
Date de sortie | 06 mars 2025 |
Classification | 16 ans et plus |
Que ce soit en ligne ou en local, la coopération se fera principalement avec un écran scindé verticalement. L’expérience est spectaculaire et pour tout public, mais, malheureusement, elle ne pourra pas forcément convenir aux personnes ayant un handicap. Voyons cela en détail.
Et si j’ai un handicap moteur ? 8.5 / 10
Le lancement initial du jeu ouvre sur les options d’accessibilité. Cette bonne nouvelle s’assombrit immédiatement : les aides sont très limitées pour certains handicaps. Pas coté moteur, le remapping complet est disponible.


De même pour ceux qui peinent pour les rotations des sticks, on peut opter pour simplement maintenir la direction. Ça évite de devoir mouliner à toute vitesse et ça facilite la vie !
Pour les QTE, ils peuvent être réduits à un simple appui ou carrément en mode automatique. Cela évite pas mal de matraquage qui de toute manière surviennent dans les phases de plateformes ou d’action.
Pour chaque personnage, Zoe et Mio, on peut désactiver les vibrations ou inverser la visée et la sensibilité des sticks. On peut également désactiver les tremblements de caméras si vous êtes sensible au mouvement. Cependant, vu qu’elle est très mobile sur un demi-écran, cela risque de rester impactant.


Enfin, si des sections posent problème, une solution ultime est proposée : aller directement au checkpoint suivant. C’est radical, mais c’est bon de savoir qu’on ne peut pas rester bloqué. Mais il faut savoir que la mort de Zoe ou de Mio est très peu punitive, les points de contrôles étant très nombreux et les réapparitions extrêmement rapides.
Et si j’ai un handicap visuel ? 2 / 10
Pour les personnes avec un handicap visuel, Split Fiction va poser des difficultés. Les couleurs utilisées pour distinguer les personnages, le fuchsia et le jaune tirant sur le vert sont assez résistantes aux différentes formes de daltonismes. Cependant, les icônes des actions à faire se détachent très mal du reste des décors. Impossible de les modifier pour les rendre moins pastel/douce/translucide.


Cela peut être un point d’accroche au loin pour le grappin des héroïnes ou d’une combinaison de touches à faire… le résultat est le même, on les distingue mal et impossible de les agrandir ou modifier la couleur, les contours. Et comme vous n’avez généralement qu’un temps très court pour réagir, si vous le perdez à essayer de distinguer les éléments, la frustration risque d’être rapide.
De plus, la séparation verticale de l’écran rend parfois délicate la lecture des distances pour les sauts. En sachant que l’action peut être soutenue par moment, la tâche peut s’avérer délicate. Alors oui les points de contrôles sont nombreux, mais bons…
Et si j’ai un handicap auditif ? 6 / 10
La note est un peu en trompe-l’œil. Oui, les sous-titres se détachent bien, en étant dans les bandes noires lors des cinématiques ou avec un arrière-plan noir quand on est en jeu. Ils mettent également en avant l’ambiance de la scène.


Néanmoins, il est impossible d’en régler la taille, ni de savoir qui est le locuteur. Les changements de locuteurs ne sont indiqués que par la méthode des tirets. Dommage quand on sait que Mio et Zoé ont chacun une couleur pour illustrer les contrôles…
Enfin, vous pouvez régler chaque source audio individuellement. C’est minimal et il n’y a pas de piste mono, mais ça a le mérite d’exister.

Le mode de nuit va permettre de régler la dynamique des sons et il est possible de désactiver les effets sonores en 3D.
Et si j’ai un handicap cognitif ? 4 / 10
Split Fiction étant un jeu de plateforme, on pourrait se dire qu’il est facile d’accès. En effet, les actions sont peu nombreuses, les mécaniques assez simples. On s’attendrait à un jeu simple.
Pourtant, pour passer les phases d’action et de plateforme, il faut que Zoe et Mio coopèrent, s’entraident et se coordonnent. Il en va évidemment de même pour les personnes derrière la manette. Et ça, c’est tout un challenge pour bien des raisons.

D’abord, le jeu est en écran partagé. Chacun doit se concentrer sur sa partie. Or, ça bouge dans tous les sens. Il peut donc être difficile de ne pas se laisser déconcentrer par ce qu’il se passe chez l’autre.
Pour les profils de joueur et joueuse ayant des difficultés à se concentrer, certaines sections peuvent être délicates. Heureusement que les checkpoints sont nombreux.

Ensuite, le jeu va très souvent vous demander de vous coordonner. Dans l’exemple ci-dessus, les trolls regardent chacun d’un côté. Il faut qu’un personnage attire le regard du sien en lui jetant une pomme pour que l’autre en profite pour se faufiler dans leur dos. C’est en suite son tour de faire la même chose pour aider le premier à passer.
Ça demande donc d’analyser le problème, trouver la solution, l’appliquer en se coordonnant. C’est un travail cognitif complexe que certains peuvent avoir du mal à gérer. D’autant plus quand on dépend de l’autre. Attention à la frustration, on a testé ! Surtout que cet exemple n’est que le premier d’une longue série, tout le jeu repose sur ce concept d’entre-aide.
Pour d’autres passages, il faut un temps de réaction très court pour éviter des pièges. Là aussi, la difficulté d’analyse rapide peut mener à enchaîner les échecs. Heureusement, la possibilité de passer au point de contrôle suivant trouve tout son sens. Ça n’est pas forcément la réponse la plus adaptée, car on se prive du cœur du jeu, mais si c’est occasionnel, au moins le jeu ne vous bloque pas.

Split Fiction est intégralement en français. Comme c’est avant tout un challenge d’action, c’est l’écrit qui est beaucoup moins présent et c’est suffisant pour bien suivre.

Au final, si l’aspect coordination peut apporter un peu de frustration, le fait de recommencer très tôt et au pire de passer la difficulté peut la gommer. Reste alors la fraîcheur d’un jeu collaboratif qui a mis une très bonne ambiance dans notre session de test.
Le challenge va donc être de bien choisir son partenaire qui pourra vous aider et expliquer au besoin.
Notre avis
Split Fiction est un très beau jeu d’action et de plateforme, avec des personnages attachants et un univers très coloré. Malheureusement, côté accessibilité, Il va laisser sur le carreau certains profils. Le handicap visuel surtout, avec des icônes qui se distinguent mal parmi les décors. Très problématique dans les phases d’actions où le temps de réaction est primordial.
Côté moteur, le remapping intégral peut aider, mais on n’échappe pas au matraquage de touche ou au maintien inhérents aux phases de tir par exemple.
Pour le handicap auditif, le fait de ne pas pouvoir régler la taille des sous-titres est très dommage, car à côté de ce manque, il y a de bonnes aides (ambiance, arrière-plan noir).
Enfin, pour l’aspect cognitif, comme les réflexes sont mis à rude épreuve, tout comme la coordination et la planification, il faut s’accrocher pour s’extirper de certaines sections en cas de déficiences intellectuelles ou de troubles de la concentration. L’ultime parade est de pouvoir les passer et accéder au checkpoint suivant. C’est radical, car on passe à côté du jeu, mais l’intention est louable, même si elle est imparfaite.
Imparfait, cela résume l’accessibilité de Split Fiction, il y a du bon, du très mauvais et des oublis surprenant en 2025. Une mise à jour pour corriger le tir et permettre au plus grand nombre de profiter du spectacle ?